Est ce une peur ou plusieurs peurs ?

C'est toujours la même peur. Ce n'est pas la situation qui fait, c'est l'histoire que l'on s'en fait. Si vous mettez un couteau sous la gorge de quelqu'un qui a brûlé ses peurs, quelqu'un qui sort d'un camp de concentration, par exemple, il n'aura pas peur. Parce qu'il n' a plus d'histoire, parce qu'il est déjà mort mille fois, on ne peut plus lui faire peur. Mais chez quelqu'un qui porte en lui la peur, un couteau, la sonnerie du téléphone, un coup de poing peuvent la réveiller. Sans élément psychologique, rien ne peut créer la peur. Quand j'ai peur de quelque chose, je dois profiter de cette peur pour me rendre compte que ce n'est pas cela qui me fait peur ; la peur était là avant.

Tant que je pense avoir peur de quelque chose, je suis encore dans la prétention. Je me mens à moi-même. Tant que j'ai la fantaisie de prétendre que le monde existe et qu'il me fait souffrir, aucune maturation n'est possible. Je ne connais que ma projection du monde et je ne peux rien connaître d'autre. Je dois avoir l'humilité de reconnaître que c'est ma propre souffrance qui m'est révélée par la situation. Pour quelqu'un qui vit dans la peur, n'importe quoi crée la peur. S'il n'y avait pas la peur, le bruit ne pourrait pas créer la peur, pas plus que l'agression, l'avion ou l’infidélité de sa femme.